• Penser, c’est accepter de basculer

    Penser, c’est accepter de basculer

    “La pensée naît du doute” ; “Qui sait le plus doute le plus” ; “Plus on sait plus on doute”. Qu’ils soient philosophes, écrivains ou simples penseurs d’un instant, tous semblent s’accorder autour d’une vérité inéluctable : la pensée évolue. Et par son évolution, elle crée du doute, et par le doute, elle se mue.  Et par son évolution, elle crée du doute. Mais le doute l’affine-t-il ou la fait-il vaciller sous son propre poids ? S’en nourrit-elle ou s’y épuise-t-elle ?

    Penser, c'est accepter de basculer

    Cette inquiétude est secondaire. Car la vraie fatigue de l’esprit naît moins du doute que du divertissement. Qui pourrait prétendre trouver un sens à tout, dès sa première réflexion ? Commencer à penser, c’est entrouvrir une porte, et commencer à douter, c’est pénétrer le vaste monde des idées. Mais suffit-il de douter pour réellement penser ?

    Penser, c’est accepter le doute

    Ce qui me pousse à cette réflexion, c’est précisément la rencontre, souvent fortuite, d’avis divergents du mien. Sans jamais avoir voulu revendiquer une quelconque orientation, ni une quelconque véhémence d’opinion, j’avais forgé de solides croyances, qui prenaient en mon esprit le qualificatif de “logique”. Ce faisant, et n’étant point entourée de grands débatteurs, il me semblait que certaines choses avaient simplement un sens, commun qui plus est ! Quelle douce illusion, certes confortable. 

    Parfois, un récit saisi à l’insu de son auteur, ou tout bonnement les commentaires qui jonchent le web et son contenu multimédia, m’ont, avant de m’effarer, surprise au plus haut point. Je lisais, yeux écarquillés, des opinions qui, au-delà d’être si éloignées des miennes, m’étaient si peu concevables qu’il me paraissait incroyable qu’elles furent nées dans l’esprit de l’un ou l’une de mes paires ! 

    Vous l’avez deviné : c’est là le point de bascule. 

    Celui qui entrouvre une porte, menant au vaste monde des idées, des idéologies, des débats. Mais aussi, et à mon grand désenchantement, le monde de l’essentialisation, où chaque idée porte un nom, chaque idéologie embarque avec elle ce que j’appelle depuis le “starter pack”. 

    Certains mots de vocabulaire appartiennent à la gauche, d’autres appartiennent à la droite, et les divergences sont intolérables et, surtout, intolérées. Quel manichéisme ! Sans prétendre à une quelconque supériorité de jugement, il ne me semble guère risqué d’avancer qu’aucune pensée ne pourrait être comprise par un filtre aussi binaire que celui qui régit notre société aujourd’hui. C’est du moins ce que mon esprit naïf pensait… et continue de penser.

    Le rôle du doute dans la Pensée 

    Je ne ferai guère l’offense à des auteurs hautement qualifiés de reprendre leurs analyses très qualitatives des courants de pensée tels que le scepticisme (“Que sais-je?” de Montaigne). C’est par exemple le cas de cet article de Café Philosophia que je vous laisse découvrir si la question philosophique vous intéresse.

    Je me demande surtout si le doute gagne tout un chacun. Celui qui vit, ici bas, outre tout statut. Chaque être ayant capacité à penser, doute-t-il ? 

    Pour le savoir, je me suis adressée à mon (petit) réseau, mêlant des profils très variés, d’âges, de conditions, d’orientations, de sexes et de situations différents. Je remercie d’ailleurs tous ceux qui se sont prêtés au jeu de la réponse ! Si vous souhaitez y ajouter votre patte, afin que j’affine encore cet article, n’hésitez pas, c’est par ici ► Accès au questionnaire.

    Résultat : tous affirment douter. Alors, la résistance au doute est-elle une exception ? Ou bien certains doutent-ils en secret, incapables d’admettre publiquement qu’ils vacillent ?

    Le basculement des idées dans l’histoire

    L’Histoire nous offre des exemples de basculements idéologiques majeurs. Mais ces bouleversements sont-ils nés de doutes individuels ou imposés par des faits irréfutables ?

    On peut penser au basculement de gauche à droite qui s’est opéré en politique en 2002 : un protectionnisme échoué face à la nécessité de la mondialisation. 

    Prenons l’exemple du protectionnisme face à la mondialisation en 2002 : un basculement d’idées sous la pression du réel. Ou encore l’écologie, passée du statut de préoccupation marginale à enjeu majeur. Est-ce la réflexion qui a provoqué ce changement, ou la confrontation à une évidence brutale ?

    Certains mouvements transforment nos sociétés en profondeur, prétendant régir jusqu’au langage. Comment une minorité peut-elle avoir un tel pouvoir sur la parole collective ? Est-ce la force du doute, ou la force d’une conviction assumée ?

    Est-ce le fait d’une appropriation des modes de communication ?

    Finalement, la vraie question ne réside-t-elle pas en le pouvoir de la minorité sur le champ de la parole ?

    Quand la pensée se fige

    Si douter, c’est évoluer, que dire des dogmes qui refusent la remise en question ? L’Histoire a vu naître des mouvements où la pensée devient rigide, où chaque camp s’arme non pour comprendre, mais pour imposer. Peut-on encore parler de pensée quand le débat devient un combat ?

    Qui pourrait bien se prévaloir d’obtenir des réponses à ces questions, puisque les raisonnements résultent d’expériences, de vécus, d’émotions, de fréquentations. Chacun a d’excellentes raisons de penser ce qu’il pense. 

    Penser, ce n’est pas choisir un camp et s’y tenir. Ce n’est pas répéter des slogans ou revendiquer une vérité absolue. C’est accepter la complexité. Accepter de ne pas tout savoir.

    Lorsque cela n’impacte pas la civilisation et la société, pourrions-nous laisser chacun penser sans émettre de doute ? Ou est-ce dangereux de ne se confronter qu’à ses propres évidences ? 

    Enfin, si cela a un impact sur le groupe, et scinde une société jusqu’à un manichéisme handicapant, qui doit lever le pied ? Faut-il parler plus fort ou user de ruse, au risque de ne convaincre l’autre que par un mécanisme de manipulation ? Sera-ce alors une réussite, ou une illusion supplémentaire dans l’impression de dominer le courant sociétal le plus en vogue ? Est-ce alors bien noble…

    Puis les idées basculent

    Non, je ne donnerai pas de réponse à ces questions, car je serais alors en contradiction avec l’humulité à laquelle j’appelle. Je dirais que le florilège d’interrogations susprésenté est le point de départ de Cogito Aequus. Je ne parviens par à avoir de certitudes, car j’entends les avis de chacun, ou du moins je comprends ce qui y a mené. Et je ne comprends pas pourquoi il faudrait une Vérité par dessus toutes, tant que des principes généraux et civils unifient le groupe pour faire société.

    Pour être honnête, je fais preuve de la même incrédulité face aux mouvements massives d’évangélisation (ou, pour être plus contemporraine, de charria). Pourquoi l’Être humain ne peut-ils pas croire sans souhaiter propager, convaincre, voire imposer ? Cela me dépasse. 

    Vous reconnaissez-vous dans cette incrédulité face à la radicalité ?

    La liberté de penser et la responsabilité

    Dans le registre des émotions, il vaut mieux être empathique qu’excessivement sympathique. L’empathie consiste à se mettre à la place de l’autre et le comprendre, tout en restant à sa propre place, tandis que la sympathie consiste à s’imprégner des expériences et émotions que l’autre nous transmet, quitte à sacrifier son propre bien-être sur l’autel de la bienveillance. 

    Pourquoi ne pourrait-on pas adopter la même posture empathique dans le domaine des Idées et de la Pensée ? Pourquoi ne pas laisser l’Homme libre de penser. Si chacun se sent libre, chaque individu sera beaucoup plus prompt à écouter la Pensée de l’autre, et la sienne sera alors beaucoup plus malléable et disposée à évoluer. 

    En effet, dans un débat idéologique et dogmatique (politique ou non), le risque de réticence face à un argumentaire véhément et braqué est grand ! Et l’écoute active s’en voit altérée par nature, puis chacun n’écoute que pour répondre, et non point pour comprendre.

    Le risque de la naissance de dogmes sectaires concerne alors la moindre pensée émise. Cette dynamique crée des courants excluants, qui n’admettent aucune pensée transverse. Le danger pour la société existe alors, car chaque individu ne parlera que pour répandre un dogme ou assassiner celui de l’autre. Alors la Pensée est vouée à stagner, errant telle une guerrière achalandée d’une armure trop petite pour elle, armée d’un glaive tordu et rouillé mais jamais ne se brise, la poussant à répéter des batailles avec des mouvements mécaniques, auxquels elle ne pense même plus. Peut-elle alors rester une force évolutive et féconde ?

    Le chemin de la réflexion continue

    Vous pourriez penser que cet enchevêtrement d’interrogations ne mène à rien, qu’il n’est que le fruit d’un esprit incrédule, incapable de décisions ou, justement, de Pensée ferme et orientée. 

    Néanmoins, rappelez-vous qu’accepter de douter, c’est se donner la liberté d’évoluer. Ce n’est pas incrédule. 

    C’est au contraire diablement revendicatif. Cela vous permet de vous extirper des dogmes schématisants et essentialisants. Souhaiteriez-vous qu’on se souvienne de vous comme d’un pion issu de tel ou tel groupe ? 

    Le sentiment d’appartenance est vivifiant, mais il l’est encore plus lorsque chaque membre du groupe est actif, et lorsque l’esprit de chacun contribue à faire grandir à la fois la dynamique, la Pensée commune et la portée dudit groupe. 

    Accepter de douter, c’est choisir la liberté d’évoluer. Et si nous cessions de craindre le doute pour en faire enfin un outil de pensée ?

    Cet article introduit la trame de Cogito Aequus. Vous pouvez être tout à fait actif, ou recevoir ces informations silencieusement, et les traiter en votre esprit tranquillement. Si le raisonnement qui en ressort a pu faire écho à une démarche à laquelle vous vous êtes déjà soumis, je serais enchantée d’interagir avec vous, non point forcément pour élucubrer, mais pour… faire vivre ce sentiment d’appartenance au groupe de la réflexion !

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